Château de Pressac Daignac : 7 siècles de pierres et de vignes
La vie à Pressac a sans doute commencé à l’époque paléolithique, comme dans toute la région, du fait de la présence de multiples grottes et à coup sûr à l’époque romaine entre le 1er et le 4ème siècle après JC. En effet, des fouilles réalisées en 1993, ont permis de découvrir au point le plus haut de l’exploitation les vestiges d’une villa gallo-romaine. Le lieu choisi permet de penser à une présence toute proche de la vigne, alors exclusivement cultivée sur les points hauts.
Thibaud et Bernard-Arnaud de Pressac, cousins du pape Clément V, réçurent en récompense de leurs faits d’armes les terres de Pressac sur lesquelles ils édifièrent une maison-forte, soit au sens strict une exploitation agricole fortifiée, dont la construction fut autorisée le 1er avril 1305 par Edouard 1er, roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine et arrière petit-fils d’Henri II Plantagenet et d’Aliénor d’Aquitaine.
Vers 1430, la famille de Ségur acquiert cette maison-forte et en reste propriétaire jusque vers 1530. Plusieurs d’entre eux s’illustrèrent dans le service du roi de France. C’est l’un deux qui obtint du roi le privilège d’édifier un colombier, une fuie.
En 1537, Geoffroy de La Chassaigne, conseiller du roi au Parlement de Bordeaux, acheta Pressac qui restera dans sa famille jusqu’en 1809 et dont, pendant plus de deux siècles et demi, les héritiers portèrent avec fierté et fidélité le titre rare dévolu par tradition aux seigneurs de ces lieux, celui de « Soudan ». L’un des plus célèbre La Chassaigne est … une femme, Françoise, qui épousa en 1565 Michel de Montaigne, l’auteur des Essais et membre du Parlement de Bordeaux.
Vers 1810, Pressac suit le cours de l’histoire, le général d’empire Jean-Barthélémy-Claude-Toussaint Darmagnac reprit Pressac : sa carrière militaire fut celle d’un soldat de la Révolution élu capitaine en 1791 par sa troupe et monté en grade jusqu’à celui de général de division, participant à toutes les batailles du Consulat et sous l’Empire, il fut gouverneur de diverses provinces lors de la conquête de l’Espagne. Son nom est inscrit sur l’Arc de Triomphe. Il décida que sa dépouille reposerait dans un monument qui rappellerait la gloire impériale : un obélisque d’où il continue à regarder Pressac.
Depuis 1865, la famille de Trincaud Latour a repris la responsabilité de cette maison. Marcel de Trincaud La Tour y a fait réaliser des grands travaux de modernité au début du XXème siècle. Sa fille Claire et son gendre René de Grateloup prendront la suite, ce dernier abandonnant sa carrière militaire pour s’occuper du domaine et du village dont il fut maire pendant 24 ans. C’était un homme bon, juste et dévoué, il laissa la place à sa fille Geneviève en 1973. Geneviève de Grateloup-Levassor, s’occupa de la propriété jusqu’à sa retraite ….en 2019, pendant 46 années ! Tout en restant active dans le village auquel elle est très attachée, elle agrandit le vignoble, modernisa la propriété et le système de vinification. En 2019, elle a laissé les rennes à sa nièce Marie-Espérance Grislain.
Pressac est tourné vers l’avenir : Marie-Espérance souhaite préserver l’esprit du lieu et le faire vivre, aidée par sa famille et ses amis.
« Le seigneur n’est pas propriétaire de son château. Il ne l’a pas acheté. Il l’a reçu en dépôt et doit le transmettre après lui. Il a le devoir de s’en occuper, de le faire fructifier et de veiller aux gens qui y vivent…. »
Régine Pernoud : Histoire et Lumière